« C'est beaucoup plus qu'un produit marketé sur la feuille d'un magazine spécialisé. C'est une vraie expérience, des rencontres humaines, des sentiments et des apprentissages. »
Christopher, 45 ans, Toulouse.
Enfant, j'ai eu plusieurs vélos. Dans les années 80, un BMX comme tous les gosses de l'époque puis mes parents m'ont offert un vélo de route en aluminium dont je ne me suis jamais vraiment servi.
Bien plus tard, en 2010, je me suis installé à Avignon. J’ai acheté un vélo de marque Nakamura de type VTC, équipé de garde boue et cintre plat pour me déplacer quotidiennement entre mon domicile et mon lieu de travail (à 8km) pour ne pas dépenser d'argent dans le trio voiture/assurance/essence. Cela m'a tout de suite plu. Sur mon trajet il y avait quelques passages isolés de la circulation automobile et surtout, quasiment 300 jours de soleil par an !
Je me suis donc rarement posé la question si j'allais au bureau en vélo ou en bus. De fil en aiguille, avec le développement d'un réseau d'amis et la rencontre de ma compagne, certains d'entre eux roulaient depuis longtemps sur route. Pour participer à leurs sorties, j'ai acheté un vélo plus rapide, un Giant rapid1, toujours à cintre plat.
A moi, les pentes du Ventoux et son sommet en moins de 2 heures depuis Bédoin ! C'est alors que la pratique du vélo s'est diversifiée avec l'achat d'un Fahrrad TX400 pour emmener des sacoches et la tente et partir en itinérance.
En 2019, j'ai déménagé à Toulouse. J’ai voulu acheté un vélo plus rapide et plus modulable (monter/démonter les portes bagages) que le mien. J'ai donc cherché des modèles commerciaux et de suite regardé du côté des 'petites' productions telle que celles de Fairlight (UK) ou All-City (US) mais le délai de livraison lointain et le prix m'ont dissuadé.
Je suis un cycliste exigeant et curieux. J'aime beaucoup lire les nouveautés cyclistes, notamment sur les innovations techniques, en parler avec les membres du groupe d'amis cyclistes des Mollets Cassoulet (nom du groupe) avec qui je roule régulièrement. Nous débattons parfois (tubeless vs chambre) mais blaguons souvent sur le monde du vélo. L'exigence, elle, se traduit par une volonté certaine d'entretenir son vélo, qu'il ne fasse pas de bruit suspect, qu'il soit propre, bien équipé et prêt à partir à tout moment ! J'ai donc pas mal d'outils et pièces de rechange chez moi qui dorment dans un carton pour en faire l'entretien. J'ai aussi suivi quelques cours de mécanique vélo pour prendre les bons réflexes ou trouver l'origine d’une panne. Enfin, avec la pratique du vélotaf depuis 2010, je suis devenu intransigeant sur le respect du Code de la Route. Je tente de favoriser un respect mutuel entre les différents modes de déplacements doux. Néanmoins, il m'arrive d'hurler bien fort des noms d'oiseaux lorsqu'un.e automobiliste me grille la priorité dans un rond-point.
Aujourd'hui, je possède 3 vélos dont ce vélo artisanal, un gravel et un route.
C'est en discutant avec le propriétaire du magasin L'échappée Belle, qui m'a suggéré un artisan local, Gaël Baudou de Baudou Bikes, situé à quelques kilomètres seulement de Toulouse et, total hasard, situé sur mon trajet de vélotaf, le long du canal latéral. Sous l'impulsion de ma compagne, j'ai donc pris rendez-vous avec Gaël et nous nous sommes rencontrés dans son atelier pour discuter de mon projet.
Mon vélo d'artisan est donc un Baudou Bikes, dont le cadre est en acier Reynolds 631 (double butted), équipé d'un groupe Shimano GRX 11V à frein à disques, de roues artisanales montées par Paul Rhoné Panda Roule avec des cercles DT Swiss, rayons Sapim, un moyeu dynamo Shimano, des garde boues SKS, des points de fixations un peu partout : porte bagage AV et AR, triple porte-bidon sur le tube diagonal et un feu AV IQ-X de Busch & Muller. Ce dernier est une pièce qu'on sous estime souvent et que j'apprécie beaucoup car, avec la dynamo, pas de panne de batterie mais surtout je vois et ne suis pas seulement vu, sur les sections non éclairées de mon vélotaf.
C'est un vélo que j'ai fait évolué au cours du temps : j'ai changé de selle 2 ou 3 fois pour aujourd'hui, poser mes fesses sur une selle Specialized Power Arc Comp. Idem pour les pneus, au combien important sur un vélotaf. Ce sont des marathons supreme en 40mm (plutôt 36 en réalité). Les passages de gaines sont partiellement internes (bases, fourche, tube diagonal) et le boitier de pédalier est un Shimano BSA externe. Je n'ai pas cédé aux sirènes du marketing de chez Chris King. Sa couleur reste discrète mais visible et s'accorde bien avec tous les accessoires noirs. J'ai équipé le vélo d'une sacoche de cadre artisanale fabriquée par ByMarion&Quentin. Particulièrement adaptée pour une veste de pluie ou ramener du pain !
J'ai eu l'occasion de voir la construction du vélo depuis le carton de tubes d'acier à un cadre peint prêt à être équipé de ses accessoires et roues !
« J’ai vu mon vélo prendre forme depuis les premières soudures jusqu'au polissage des finitions.
Voir évoluer le vélo au fur et à mesure de sa construction renforce l'envie de rouler avec. »
Rouler sur un vélo d'artisan est très appréciable car le cadre est à ma taille (stack/reach) et, sur les conseils de Gaël, j'ai choisi, des équipements en rapport avec mon besoin. Rien de superflu. C'est aussi un sentiment d'appartenance (propriété) fort car, comme précisé, voir évoluer le vélo au fur et à mesure de sa construction renforce l'envie de rouler avec. Ensuite, je ne suis jamais peu fier de préciser à un ami ou une personne dans la rue, que ce vélo est unique ! Il m'est arrivé à plusieurs reprises de discuter avec un véloaffeur rencontré au hasard à un feu ou devant un commerçant et de raconter l'histoire de ce vélo pour l'inciter à aller chez un artisan du cycle.
Tout au long de l'élaboration du projet, Gäel m'a posé beaucoup de questions : combien de kilomètres par an, quelle position sur le vélo, quels équipements, etc... Cela m'a très rapidement rassuré sur son propre niveau d'exigence et la qualité de ses productions. Il a également était clair sur le bénéfice réel des équipements haut de gamme (on en revient à l'intérêt des équipements Chris King). Il a ensuite commandé les tubes chez Reynolds.
C'est à partir de là que l'attente a commencé. Quelques semaines plus tard Gaël m'écrit qu'il a reçu les tubes ! Super, le vélo va prendre forme. J'ai eu l'occasion de voir mon vélo prendre forme depuis les premières soudures autour du boitier de pédalier jusqu'aux polissage des finitions. Gaël et moi avons réalisé le montage final dans son atelier. Je suis reparti avec le vélo ! Sentiment absolument génial, je l'ai beaucoup regardé une fois rentré chez moi et j’ai pris des photos pour les envoyer à des amis. Noël avant l'heure, avec un père Noël particulièrement généreux.
Aujourd'hui, nous nous croisons de temps en temps avec Gaël, très souvent le long du canal latéral : je file vers Saint Sauveur (Nord ouest), lui vers Toulouse pour rejoindre l'atelier des Selles Idéale, chez qui il travaille. C'est un plaisir renouvelé que de s'arrêter le saluer et de jeter un œil sur ses dernières productions. Gaël est inventif, curieux et très sympathique.